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Maurice, à un confrère

Né en 1883, Maurice Deboudt était devenu missionnaire Oblat en 1903.

Mobilisé en septembre 1914, à 31 ans, il est grièvement blessé le 5 octobre 1914, dès les premiers jours du combat. Il en ressort cependant vivant et, après avoir été soigné, retourne au front, en Champagne.

C’est de là qu’il écrit à un confrère Oblat. Nous sommes le 12 février 1915.

Maurice Deboudt soldat en 1914

Mon bien cher ami

Si vous saviez comme on est heureux sur le front de s’entendre appeler par le vaguemestre. On y court de toute la vitesse de ses jambes de soldat et l’on vit là quelques minutes agréables dans l’intimité de ses amis…

Vous me dites que vous partirez sous peu au front. Je le crois car on sent que le grand coup se prépare. Les attaques, en effet, deviennent plus fréquentes et plus fortes. Ce matin encore, pendant que la neige tombait à gros flocons, le canons et les mitrailleuses donnaient terriblement. Toutefois les blessés sont toujours rares, dans ce beau pays de la Champagne ! De là le travail que nous avons à faire n’est pas très pressant et s’achèvera dans quelques jours. Le cantonnement d’hiver à tout l’air de mourir. Oh ! tant mieux.

Avant-hier, une vingtaine d’obus sont tombés à 1.000 m. d’ici, entre nous et les faubourgs. Je vous assure qu’on les entend bien siffler. On y est habitué. On en fait même plus attention. Et pourtant, il n’en faut qu’un.

Ah ! vous aussi vous avez été au courant de mon voyage prématuré auprès de St Pierre ! Celui-ci n’a pas voulu de moi : « Ta ta ta, a-t-il semblé dire, vous, vous êtes encore solide, vous n’avez pas fait grand chose jusqu’ici ; travaillez davantage, et l’on dira quand vous serez mûr. Et me voilà encore aujourd’hui sous le beau ciel de la France, en train ou sur le point de préparer la popote pour les compagnons d’armes.

Affectueux souvenir à vos chers parents.

Maurice Deboudt

Démobilisé à la fin de la guerre, Maurice Deboudt poursuivra sa vie de missionnaire oblat en France, notamment près de Lille à Mons-en-Baroeul de 1921 à 1945, et décèdera en 1950.

A gauche, des lits d'hôpital alignés avec des soldats malades dedans. Au pied du lit, deux religieuses-infirmières
« L’hôpital Jean D’Heurs »
(Tableau de J.-F. Bouchor)
« Le wagon »
(Aquarelle de Jean Lefort)
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