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Les Belges et Néerlandais au sein de la Province de France

Ce serait facile et trop simple de voir l’arrivée des Oblats français en Belgique comme début de l’existence de la délégation récemment érigée.

portrait de Floren Vandenberghe, en soutaneDes dizaines d’années avant les lois antireligieux de1905 en France, on voit déjà des Belges qui partent en France pour rejoindre les Oblats. L’épopée missionnaire, commencée en France, touchait toute l’Europe occidentale. Une bonne partie des premiers Oblats belges venait des petits et grands séminaires après le passage et le témoignage de missionnaires (surtout du Grand Nord canadien) : ainsi le tout premier, Florent VANDENBERGHE (+1926), séminariste au diocèse de Bruges (et prolongé au séminaire de Marseille), et son cousin Pieter CROUSEL (+1928) qui était déjà prêtre séculier quand il a commencé son noviciat. Le P. Vandenberghe, quant à lui, fut chapelain à Notre-Dame de la Garde, puis maître des novices, vice-provincial de la Province de Midi, secrétaire-général de la Congrégation, inspecteur canonique au Canada… et fondateur des missions au Canada et aux États-Unis jusqu’au Texas… longtemps avant la présence des oblats en Belgique.

Lorsque les Missionnaires Oblats de M.I. ont été chassés de France et sont arrivés en Belgique, dès 1901, ils ont reçu un accueil sympathique. Un prêtre séculier, le P. De Coninck, leur a offert un couvent et une école à Waregem (respectivement à Nieuwenhove et au centre), à 40 kilomètres de Lille, les deux en construction. Du coup les Oblats ont pu commencer un juniorat (petit séminaire) et un noviciat. Ainsi, la Province belge put rapidement être érigée : le 17 février 1905.

Dans ces années, le roi Léopold II aimait se rendre à Paris. Visitant la basilique de Montmartre, il dit un jour au nonce que c’était quand même dommage que ces religieux ne soient pas en Belgique. Le nonce répondit que les Oblats étaient également en Belgique. C’est ainsi que les Oblats furent à la base de la basilique du Sacré-cœur à Koekelberg/Bruxelles. Mais comme on avait prévu une basilique plutôt petite, l’archevêque prit le projet dans ses mains. Les Oblats pouvaient donc partir

Le fameux P. Delouche était à ce moment le supérieur. Il devint un grand ami du roi. Pendant la courte période de la Province France-Belgique, un noviciat fut érigé au Tellin, Le Bestin, avec un maître des novices bien connu : le père Joseph Barbedette, un des voyants de Pontmain. Jusqu’à aujourd’hui, lorsque nous prions dans notre messe quotidienne à Waregem pour les défunts de notre Province, nous rencontrons régulièrement le nom d’un fondateur de la Province belge : 44 en tout, dont 21 sont (retournés et) décédés en France.

Et puis, il y a eu la croissance en Belgique, en Flandre comme en Wallonie. La Province belge a été divisée en deux Provinces en 1956, avec pas mal de vocations dans les deux régions, surtout pour les missions en outre-mer. L’épopée missionnaire a duré jusque dans les années 60. Les Pays-Bas, de leur côté, ont connu une histoire similaire… avec les oblats chassés de l’Allemagne (le chancelier Bismarck avec son ‘Kulturkampf’) et arrivés du côté de Valkenburg/Vaals. La croissance a mené à une fondation nouvelle au Congo pour les Belges et au Surinam pour les Néerlandais. La mission du Congo a connu son propre développement avec des beaux jours, mais aussi d’autres, comme le jour de la mort de trois missionnaires tués dans une rébellion, ou trois autres dans un accident de voiture. Cette Province compte aujourd’hui 157 membres, dont seulement un Belge.

De plus, il y a eu un attrait, dans les années 50-60, pour la mission en Afrique du Sud. Le ‘Afrikaans’ y a joué un rôle peut-être, puisque cette langue a des liens avec le Néerlandais. Et dans les années 60-70, c’était l’Amérique latine qui attirait des missionnaires. Dans cette période, j’ai lu un dépliant concernant les vocations, avec un mot de pape Jean XXIII : « Il manque à l’Amérique latine 200.000 prêtres ». Mon entrée chez les Oblats vient partiellement de là. Mais quelquefois, l’histoire aime choisir son propre chemin : je n’ai jamais été missionnaire dans ce continent, ni au Congo vers où j’avais tourné mes yeux… mais j’ai passé 23 ans en France, à Lourde !

Comme en France, l’épopée missionnaire en outre-mer est depuis longtemps terminée. La délégation qui devient partie de la Province de France, est un groupe d’Oblats avec beaucoup d’années de vie missionnaire au compteur. Nous vivons de nouveau dans des pays de mission. Il y a davantage du temps pour la prière et nous gardons les liens avec tous ces jeunes Oblats dans le monde entier.

Mark Kemseke