André Grimonpont
Nous vous informons que André Grimonpont est décédé 20/9/2021 à Marseille. Il avait 91 ans.
André Grimonpont était né 17/7/1930
Il avait prononcé ses vœux ches les OMI 8/9/1956
Il avait été ordonné prêtre 22/12/1956
Notice nécrologique par André lui-même
D’abord, ne priez pas pour moi. C’est trop tard ! J’ai cessé de « devenir » : je suis. Entré dans l’éternité de Dieu, je ne suis plus dans le temps. Mon temps est fini. Je n’attends plus rien. Je suis arrivé. C’est moi qui prie pour vous, qui êtes encore en chemin…
Mais si ! Vous pouvez prier : pour rendre grâce.
De toute éternité, Dieu nous crée pour que nous ne fassions plus qu’un en lui et avec lui, enfants bien-aimés avec son Fils bien aimé, dans le même Esprit d’amour. Vous qui êtes encore des êtres temporels, il vous faut encore attendre un peu pour me rejoindre et voir comme moi se réaliser pleinement cette destinée. Quelle grâce !…
Excusez-moi de vous compliquer la vie par mon départ quelque peu précipité. Il va bien falloir que vous fassiez sans moi !… Je rendais encore quelques menus services. Bon courage ! Ci-joint quelques indications qui peuvent vous simplifier la tâche. Et d’abord une petite « notice nécrologique », qui peut vous éviter des recherches et des erreurs.
Aîné de cinq, je suis né en 1930 à Armentières, dans le Nord. Mon père et son frère Louis géraient, à la suite de mon grand-père, une entreprise de transports routiers, de déménagements et de vidanges.
Rétrospectivement, je crois que le Front populaire de 36 m’a beaucoup marqué. Je ne voulais pas être patron, comme Papa ! Je ne voulais pas non plus être « curé ». C’est pourquoi, en attendant de trouver ce que je serais, je suis entré dans un séminaire non diocésain (St Sulpice). J’y suis resté deux ans. La bibliothèque de ce séminaire contenait, entre autres, un livre sur les Oblats. C’est sa lecture qui m’a amené à penser que je pourrais, dans cette congrégation, vivre la pauvreté et le partage dont je rêvais.
Après mon service (E.O.R. à Saumur et un an en Allemagne), je suis donc entré en 52 au noviciat de La Brosse. Là, mes supérieurs ont pensé que, malgré ma timidité, je pourrais être formateur ! Funeste erreur. Et on m’a envoyé faire ma théologie (quatre ans) à Rome. J’en suis revenu parfaitement intégriste. Il m’a fallu trois ans d’études complémentaires à la catho de Paris pour m’en remettre.
De 61 à 67, j’ai été prof de math à Pontmain (les six dernières années du juniorat) puis secrétaire du Provincial (Georges Laudin) et ensuite économe provincial de France-Nord. Mais en février 1975, la mort accidentelle de Jean-Jacques Hoffmann, fondateur et directeur du Bocage, allait réorienter toute la suite.
« Le Bocage » était la maison familiale de vacances qui occupait les murs de l’ancien « juniorat ». Venu à Pontmain pour assurer l’immédiat après le décès du P. Hoffmann, venu donc provisoirement, j’y suis resté 21 ans !… Les plus belles années de ma vie. Grâce aux Frères et avec eux, nous pouvions permettre à des familles à revenus modestes de prendre trois ou quatre semaines de vacances très familiales, conviviales, sympa, participatives. Les vacanciers eux-mêmes géraient et animaient la maison.
Ubi caritas et amor… Que de liens d’amitiés se sont créés et durent encore. Que de liens d’amour aussi : bien des couples se sont formés. L’amour c’est Dieu. Avoir ainsi contribué à rendre Dieu présent, que rêver de mieux ?…
Malheureusement, cette façon de prendre des vacances est passée de mode (considérée comme vacances au rabais pour pauvres !…). Et la disparition des Frères, ainsi que les exigences de confort et de sécurité incendie sont passées par là, augmentant de beaucoup le prix de revient et donc les tarifs. Les aides ont disparu aussi : ce n’est donc plus possible, mais je suis très content d’avoir pu vivre ça et d’avoir pu permettre à d’autres de le vivre.
En 1996, je suis redevenu économe provincial, mais cette fois de la nouvelle « Province de France » unifiée. Puis, après un essai avorté à Marseille en 2002-2003, j’ai atterri en 2003 à la maison d’accueil de Fontenay (encore l’économat et encore l’accueil…). Dix ans plus tard, j’ai demandé et obtenu d’être mis à la retraite. Et ce fut de nouveau Marseille, où je suis arrivé le 23 août 2013.
En résumé, trois choses ont fait ce que j’ai été :
• ma timidité maladive
• une ferme volonté de ne pas être patron (mais je l’ai été 20 ans à Pontmain !…)
• une volonté non moins ferme de ne pas être curé. (Je suis le « frère André » consacré au service des tables et non de la Parole).
– Merci à mes supérieurs d’avoir toujours respecté ma vocation.
– Pardon à ceux que j’ai pu blesser par mes idées un peu arrêtées…
– Merci au Seigneur pour ces belles années. Grâce à Dieu, ma vie a été réussie (« sauvée » = réussie). Dieu seul peut nous donner de réussir ainsi notre vie jusque et par-delà la mort.
– Et bon vent à tous (le vent, c’est l’Esprit : on ne sait pas d’où il vient ni où il nous conduit !)
« Dès maintenant nous sommes enfants de Dieu.
mais ce que nous serons… » (point de suspension) 1 Jn 3,2
« Si on vous dit que je suis mort, n’allez surtout pas le croire. »
(Jean Debruynne)
A plus !…
Frère André
Témoignages
Mes prières pour le repos de l’âme de notre défunt André Grimonpont. Je ne l’ai jamais rencontré en personne, mais il m’a été d’une grande aide lorsque j’étais rédacteur en chef d’Information OMI, surtout après le décès de Théophile Le Page qui relisait et corrigeait les textes, notamment en français. André a assumé ce rôle avec précision et rapidité. Notre relation par email a toujours été très fraternelle et cordiale. Qu’il repose en paix. Meilleurs vœux à vous et à tous les Oblats de la Province Mère.
Fr. James Allen, OMI
André,
J’ai eu la chance de vous connaître et de travailler avec vous pendant six années.
C’était l’époque de la nouvelle Province de France unifiée. A ce moment-là, il y avait beaucoup de travail.
Vous étiez un homme droit et rigoureux.
Nous avons beaucoup échangé.
Parfois, vous deviniez ce que je ne pouvais vous dire sur certaines injustices de la vie, c’est vous qui m’en parliez en me regardant avec timidité.
Et puis, la grande musique que vous aimiez me faire écouter, je me souviens quand vous me disiez : « Bernadette, écoutez ce morceau » et vous montiez le son.
Quand Georges était malade, vous m’écrivez des petits mots spirituels que je trouvais le matin sur mon bureau.
Merci André pour tout ce temps partagé et le travail que nous avons su réaliser ensemble. Je n’oublierai jamais.
Amicalement.
Bernadette
Très cher André,
Notre collaboration a démarré rapidement après mon arrivée chez les Oblats, début 2016. Et vous qui aimiez tant les chiffres, voici comment résumer cette collaboration : vous m’avez adressé plus de 1000 messages sur cette période, soit environ 15 mails par semaine. Pas un jour sans un signe de votre part et de temps en temps, pour casser la routine du personnel et des statistiques, vous m’envoyiez des petites pépites comme celle-ci, qui fut votre dernière :
Cher André, j’ai adoré nos échanges tintés d’humeurs, d’humour et de défis techniques, mais toujours cordiaux et simples, dans lesquels pointaient votre timidité et votre profond respect. Je ne reçois plus de petits mails bleus, vous me manquez beaucoup.
N’hésitez pas à me guider de là où vous êtes enfin arrivé, reposez-vous et attendez-nous.
Nathalie