André Durand

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Nous vous informons que André Durand est décédé 24/10/2021 à Lyon. Il avait 90 ans.

André Durand était né 16/11/1930

Il avait prononcé ses vœux ches les OMI 8/9/1958

Il avait été ordonné prêtre 22/3/1959

La communauté Saint-François d’Assise à Lyon nous communique la nouvelle : ce dimanche 24 octobre 2021 Dieu notre Père à tous a rappelé à Lui son bon et fidèle serviteur, notre frère André Durand, prêtre missionnaire Oblat de Marie Immaculée, membre de la Province de France, ancien missionnaire au Cameroun. Il était âgé de 91 ans.

André est né le 16 novembre 1930 dans le diocèse de Saint-Dié, dans la région de Lorraine, dans le Grand Est de la France. Âgé de 24 ans, après des études de philosophie au séminaire diocésain et le service militaire, André est attiré vers la vocation missionnaire et entre au noviciat de La Brosse-Montceaux. Il fait ses premiers vœux le 8 septembre 1955, et il est immédiatement envoyé au Scolasticat international de Rome. C’est à Roviano (diocèse de Tivoli), la maison de vacances du Scolasticat, qu’il fait son Oblation perpétuelle, le 8 septembre 1958.

Les supérieurs ont sans doute jugé qu’André devait faire davantage connaissance avec sa province d’origine. Il fait donc sa dernière année d’études à Solignac. En 1959, à 29 ans, il est ordonné prêtre ; et le 20 avril de la même année, il reçoit sa Première Obédience : selon son souhait, c’est pour la Mission du Cameroun. Il y restera exactement 50 ans !

André dans les années 70, jeune missionnaire aux cheveux longs...De son travail missionnaire je ne sais pas raconter grand-chose ; j’attends que les anciens de ce pays nous racontent leurs souvenirs. Pour ma part, j’ai entendu de sa bouche qu’il a été chez les Mboum, une ethnie méprisée, du fait qu’ils étaient tenus en quasi-esclavage par un chef traditionnel musulman, connu comme le Lamido de Rey-Bouba. Le palais de ce prince était dans la vallée du Mayo-Rey, affluent du fleuve Bénoué ; les Mboum vivaient dans la montagne, de l’autre côté, dans une région très isolée et peu fertile.

Pour ces pauvres, les études théologiques avancées d’André et ses talents linguistiques n’ont pas été très utiles, mais bien plutôt sa grande gentillesse et son amour pour eux. Il rayonnait de joie en apprenant qu’ils commençaient à relever la tête, à retrouver leur dignité humaine.

Lorsqu’il fut trop âgé pour vivre au milieu de la brousse, André a rejoint le noviciat de Ngaoundéré, pour être socius du maître des novices, ou simplement la présence priante d’un sage au milieu de cette jeunesse. Puis ce fut un accident : un AVC, qui le laissait handicapé. Il a alors accepté d’aller se soigner en France. Il est d’abord à Strasbourg, et en 2009 il fait partie de la première équipe d’anciens qui commencent la communauté oblate à l’Ehpad Saint-François d’Assise à Lyon. Il restera là jusqu’à sa mort.

En 2014, il est en fauteuil roulant. Les nouvelles de mars 2015 disent : « André Durand promène vaillamment sa belle barbe missionnaire à travers la maison. L’AVC qui l’a fait quitter le Cameroun ralentit toujours sa démarche, mais son cœur le fait vibrer aux événements du monde et de l’Église ».

En 2016, il prend officiellement sa retraite, en demandant son obédience pour la Province de France : c’est sa deuxième obédience, la dernière avant celle pour le Ciel. La même année, on le retrouve très actif, car certains confrères sont trop handicapés pour aller jusqu’à la chapelle. André est alors célébrant et prédicateur, tantôt le matin, tantôt le soir, selon le calendrier. Ainsi, il se sent à nouveau jeune missionnaire !

André à l'EHPADEn 2017, il demande à l’économe de réparer sa vieille machine à écrire manuelle, qu’il estime encore suffisamment performante pour lui. Certains voulaient la mettre au musée, mais André proteste au nom du vœu de pauvreté.

En 2018, frayeur dans la Maison Saint-François : André Durand a disparu… Mais on le retrouve : à l’Oratoire, abîmé dans la contemplation et le sommeil du juste ! On dit que le P. Gérard, à qui André ressemble de plus en plus, luttait contre le sommeil en faisant tourner la manivelle d’un vieil orgue de barbarie… L’instrument finissait par se taire avec le sommeil de son maître ! Puisque le résultat est le même, André a pensé que, tout en imitant le Bienheureux Joseph Gérard, il pouvait somme toute se passer de l’orgue de barbarie….

En 2019, un nouvel accroc de santé : une arthrose lombaire invalidante – des nerfs pincés par les vertèbres – apporte à André un surcroît de souffrance. Avec un grand sourire, il dit : « Je pense à Marthe Robin (une mystique clouée au lit de nombreuses années), c’est depuis son lit qu’elle a évangélisé. Comme elle, j’accepte de participer à la souffrance du Christ »

L’an dernier, 2020, à l’occasion de ses 90 ans, une amie des Oblats demande à André quel message il a pour les jeunes Oblats. Après un temps de silence, il dit : « Le travail vous attend ! Et on a aussi besoin de vous pour s’occuper de nous. Quand le vieil âge arrive, ça nous oblige à nous ressembler un peu, car la vieillesse, il faut la prendre et la supporter, soit pour nous-mêmes soit auprès des autres. Quant à moi, c’est la foi en Jésus qui m’anime et qui me fait savoir que les jeunes et les vieux Oblats sont tous frères. Que le Seigneur vous bénisse ! »

Et maintenant, c’est au tour d’André de nous donner sa bénédiction à nous tous, vieux et jeunes : il rejoint le Sauveur qu’il a proclamé aux nations, et Marie Immaculée qu’il a toujours considérée comme sa Mère.

Roland Jacques