Luc Athimon
Nous vous informons que Luc Athimon est décédé 10/1/2021 à Lyon. Il avait 84 ans.
Luc Athimon était né 20/5/1936
Il avait prononcé ses vœux ches les OMI 29/8/1965
Il avait été ordonné prêtre 2/4/1966
Luc est né le 20 mai 1936 à Le Cellier (Loire-Atlantique). Après les études primaires, il est entré au petit séminaire diocésain de Guérande puis des Couëts et au grand séminaire de Nantes pour 2 années de philosophie. Puis ce fut le service militaire en Algérie. S’orientant alors vers la vie religieuse, le diocèse de Nantes lui a demandé un service d’une année comme surveillant dans un collège. Après sa formation oblate et son ordination, il est arrivé au Cameroun en janvier 1967. D’abord à la mission de Maroua Founanqué. En octobre 1970 le diocèse lui a demandé de s’orienter vers les Guizigas à Maroua et les villages tout autour de Maroua. En novembre 1976, il fonde la mission de Salak. En avril 1980, il rejoint la mission de Sir. En octobre 1982 il revient à Salak. En octobre 1986, il retourne à Maroua. En janvier 1993, il rejoint la COMIPAR à Garoua pour les missions paroissiales. En mai 2003, il rentre en France. D’abord à Trion pour accompagner les scolastiques. En 2006, il est nommé curé de la paroisse St Paul à Aix en Province. En août 2012 il est nommé supérieur de la communauté oblate de Lumière. En 2015, il est recherché pour devenir responsable de l’accueil à la Maison Provinciale à Trion.
Après 36 ans de vie missionnaire au Cameroun et 17 ans en France, Luc est donc allé rejoindre le Père pour partager la joie et la paix promise. Beaucoup parmi nous avons retenu de Luc sa simplicité, son sourire, sa proximité, son humour. En communauté nous avons remarqué son goût du partage et ses convictions lors des rencontres communautaires. Il avait un goût très fort pour l’Évangile. Il a été disponible pour les demandes d’Eucharistie en paroisse ou dans les communautés, ainsi que pour les confessions à la basilique de Fourvière.
Lorsqu’il est rentré en France et qu’il est rentré en pastorale paroissiale, il avait dans la tête et le cœur le modèle des communautés chrétiennes guizigas. Alors il se désolait un peu de voir que la pastorale en France n’insistait pas assez sur la formation de vraies communautés de croyants. Il regrettait que les chrétiens ici étaient trop individualistes, peu soucieux de faire communauté. Mais il n’a pas désespéré de voir qu’un jour ses paroissiens prendraient le chemin des communautés chrétiennes guizigas prenant au sérieux l’Évangile et essayait de vivre à fond la Bonne Nouvelle, rêve d’un authentique pasteur qui rassemble son troupeau.
Une autre expérience de Luc, la rencontre des migrants, trop content de se trouver parmi des Africains dont certains pouvaient parler avec lui en foulfouldé. Alors il a interpellé notre communauté de Trion pour accueillir des migrants dans nos murs. Sa générosité aurait voulu que nous partagions tout avec eux. Nous avons suivi Luc. Mais il a dû trouver que nous n’étions pas assez accueillants. Andile, un frère zoulou lui a donné un sérieux coup de main. Nous n’avons pas renouvelé l’expérience et lui-même n’a pas continué sa présence à l’accueil des migrants.
Luc, un homme accueillant et disponible. Cela l’a amené à entendre des appels de l’extérieur pour des Eucharisties, pour des confessions, par exemple à la basilique de Fourvière, pour des accompagnements spirituels. Les témoignages reçus ces jours-ci montrent combien il était très apprécié dans ces ministères.
Gilbert Le Goff
Le mot de la Communauté Catholique Guiziga à Luc Athimon à l’occasion de son départ en France en 2003.
Père Luc Athimon, vous avez été l’un des grands artisans de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ au Nord Cameroun. Nous ne savons pas comment vous êtes tombé dans le piège de la vocation un de ces matins de votre enfance. Nous ne savons pas également ce que vos parents ont ressenti quand vous leur avez annoncé votre vocation.
Ce que nous savons, c’est qu’un prêtre est arrivé chez nous à Maroua en 1967. Nous, particulièrement les Guizigas, voulons vous dire que parmi tant de prêtres, vous nous avez marqués par votre affection pour les Guizigas, par votre présence au milieu de nous dans les moments difficiles, de malheurs et de joies, par vos visites dans nos sarés, par votre humilité, par votre volonté de connaître l’homme guiziga à fond.
Vous êtes venu nous annoncer Jésus Christ, et nous avons trouvé Jésus Christ en vous pour ne pas dire que vous êtes « Jésus lui-même ». Nous sommes contents parce que beaucoup ont cru à travers vous. Nous n’avons pas oublié que vous vous êtes identifié aux Guizigas, car vous disiez un jour « je suis Guiziga, sauf seulement la couleur de la peau ».
Père Luc, en sachant aujourd’hui que vous partez vraiment, nous avons de la peine. Nous vous disons merci et au revoir. Notre désir aurait été que restiez parmi nous. Que Dieu vous bénisse.
Après cet au-revoir des Guizigas à Luc, l’image du Bon Pasteur s’est imposée, et ce n’est pas étonnant qu’un Guiziga lui ait sculpté cette statue du Bon Pasteur en remerciement.
Témoignages
En pensant à mon ami et frère Luc…
Dans un court commentaire d’une parole de Jésus qui dit à ses disciples : « Je vous appelle, mes amis », j’ai aimé cette remarque de Timothy Radcliffe : « Jésus ne les appelle pas seulement « amis », il les rend amis. » C’est bien grâce à l’appel de Jésus, que nous nous sommes rencontrés, connus et avons vécu en communauté fraternelle, partagé la même mission en particulier à Maroua.
En 1975, à mon arrivée dans le diocèse de Maroua, n’étant que profès temporaire, je rejoignais le groupe assez important de « laïcs missionnaires », et Luc était notre aumônier. Grâce à lui nous nous retrouvions plusieurs fois dans l’année pour un temps convivial, pour un partage d’expériences, et aussi pour la prière, pour l’eucharistie.
Une dizaine d’années après, Luc me rejoint à Maroua, comme curé de la paroisse saint Jean. Nous vivons en communauté à la maison oblate, avec Lucien Jolly, Antoine Smolarek, Emile Louis, Yves Tabart, René Jaouen. A la paroisse ce fut un beau temps de travail d’équipe avec nos deux sœurs, Filles du Saint Esprit, Dominique et Anne. Ce fut un travail remarquable pour la formation des catéchistes et des responsables des communautés. Ces communautés d’abord ethniques et converties en communautés de quartiers, ethnies mélangées. Luc s’est montré un homme simple, proche et respectueux des personnes, patient et avec de l’humour. Il préparait ses réunions par écrit dans le détail et il prenait des notes détaillées pendant la réunion. Il maîtrisait bien la langue des Guizigas et le fulfulde, langue des musulmans, mais assez partagée par d’autres, comme la langue du marché.
Dans les célébrations dominicales, Luc pouvait se permettre de se passer de traducteur, faisant son homélie directement en fulfulde.
Nous avons partagé des années heureuses comme missionnaires oblats, en communauté et au service des communautés chrétiennes de Maroua en particulier. Comment ne pas apprécier la compagnie de quelqu’un qui aime rendre visite, partager une bonne calebasse de bière mil avec un grand éclat de rire et une remarque pleine d’humour. Bref avec quelqu’un qui incarne parfaitement ce qui est bien connu de tous, la douceur angevine ! Et entre nous, en dégustant une bonne bouteille de vin, il pouvait nous dire : « c’est ben gouleyant » !
J’aimerais l’entendre maintenant apprécier le vin servi à la table de son Maître !
Albert Littner
LUC,
Avec ton départ, c’est un peu de ma vie missionnaire qui s’en va…
Quand je suis arrivé pour la première fois au Cameroun, en sept 1966, (pour deux ans de stage, dans le cours de mes études à Solignac, entre le temps de la philosophie et celui de la théologie), c’est toi qui m’as accueilli à la descente de l’avion à Maroua !
L’Afrique ? une découverte pour moi ! Mais avec des confrères qui vous suivent, vous accompagnent, et commencent lentement avec vous ce temps d’initiation, c’est plus facile à avancer… Mon temps de stage s’est passé un peu loin de toi, mais chaque fois qu’on se rencontrait, tu étais un peu mon point de référence, et tu n’hésitais pas à me questionner et à partager ce que tu vivais… chose qui ne se passait pas forcément avec tous les confrères.
La deuxième expérience marquante qui m’a aidé, c’est notre travail commun à la CO.MI.PAR (Communauté pour les Missions Paroissiales) qui a duré 3 ans, et où nous sommes intervenus dans les différents diocèses du Cameroun, jusqu’à Yokadouma, chez les Baka et les Pygmées au sud-est du pays.
Quand nous arrivions dans un secteur tu avais le souci d’abord, de rencontrer les gens, d’apprendre à les connaître, de savoir à qui nous allions parler, avec qui nous allions travailler 3 ou 4 semaines… un souci éminemment missionnaire :
Qui vais-je rencontrer ? à qui vais- je parler ? Quelle est la situation de ces gens ?
Je me souviens que tu tenais à ce que nous allions rencontrer les différents responsables de la Mission, plusieurs semaines avant, pour savoir où nous mettions les pieds… Il y avait chez toi une qualité missionnaire d’incarnation : nous n’arrivions pas en terre inconnue pour déblatérer nos boniments déjà tout prêts.
Durant les temps de rencontres et de partage avec les différents groupes qui composaient la population locale, tu insistais beaucoup sur la nécessité de se retrouver entre eux, pour partager, et décider ensemble des différentes manières d’agir, selon les résolutions prises entre tous, lors des assemblées… C’était d’ailleurs un souhait des différents évêques, dans beaucoup de diocèses : créer des petites communautés locales, de quartiers, de villages, habituées à se réunir entre elles, pour se conseiller, décider des actions communes, s’encourager mutuellement et ainsi devenir plus forts, dès lors qu’on n’est plus seuls.
J’ai admiré aussi ton souci que les gens comprennent bien la Parole, pour qu’elle s’enracine chez eux, qu’elle devienne leur affaire à eux. Il s’agissait pour toi que les gens s’approprient littéralement la Parole de Dieu ; d’où ton souci de traduction ! J’entends encore l’imprimante à aiguilles que tu utilisais, pour imprimer en « foulfouldé » (la langue peuhle du Nord-Cameroun) divers fascicules de prières, de célébrations ou de présentation de l’Evangile. Tu m’as d’ailleurs aidé à me lancer un peu plus loin que mes ânonnements, pour des célébrations en foulfouldé, dans la grosse communauté de St Pierre à Garoua… Tu disais souvent « il faut que la Parole passe, qu’elle soit entendue, accueillie, comprise, pour être vécue ensuite » … Tu me demandais parfois comment je faisais pour être aussi à l’aise pour parler devant une communauté de plusieurs centaines de personnes, mais c’était toujours ce souci que la Parole passe ! !
Sans doute la maladie que tu as portée durant de longs mois t’a-t-elle invité à rejoindre l’essentiel (et je sais de quoi je parle) ! Cet essentiel tu le rencontres aujourd’hui : une chance ! La Parole, tu en es aujourd’hui le vis-à-vis, dans un face à face qui te fait vivre : Aide-nous à cultiver encore en nous ce désir ardent qui t’animait !
Attends-nous un peu : nous arrivons !
Serge Cuenot
Nous avons appris hier, avec grande tristesse le décès de Luc Athimon. Luc a marqué tant de monde pendant ses années à Aix ! J’allais parfois assister à sa messe du samedi soir, et dans ce quartier populaire, il savait communiquer cette joie du cœur qui débordait … Parmi les fidèles très proches de Luc, il y avait Christian Monpeu… les obsèques de ce dernier ont été célébrées la semaine dernière, petit clin d’œil !
J’ai souvent eu des conversations interminables avec Luc, et la dernière fois qu’il est venu à Aix, remplacer la communauté partie en voyage, nous avions pris un long temps de rencontre…inoubliable !
Asodo m’avait appris récemment la gravité de la maladie de Luc, je suis triste mais conserverai dans ma mémoire tant de bons moments, de belles paroles, de grands sourires… que je ne peux que rendre grâce d’avoir rencontré sur mon chemin cet Oblat au grand cœur.
Toutes mes condoléances à la Communauté de Trion et ma fraternelle amitié.
Chantal Bernard-Bret
J’ai appris avec beaucoup de tristesse le départ de mon cher papa Luc Athimon vers la maison du Père. C’est une étape de la vie. Il a été tout pour moi. Il m’a vu naître, grandir et devenir oblat comme lui. Il a été à cent pour cent à l’origine de ma vocation oblate. C’est un apôtre des guiziga qui est parti. À Salak dans mon village, toute la communauté chrétienne pleure. Il a fondé cette paroisse avec joie. Très proche des gens, vite il a appris couramment notre langue guiziga et la langue peule. J’ai communiqué avec lui pendant sa maladie mais je ne pensais pas si vite son départ. Vu la distance et aussi pas de possibilité de visa, je l’accompagne et vous accompagne à distance. Merci à tous les confrères pour leur assistance durant sa maladie. Il me l’a dit qu’il était bien entouré. Chaque jour, je dis des messes pour lui. Je donnerai un témoignage à mes confrères oblats de notre province mère la France. Luc était un vrai missionnaire selon le cœur de notre Fondateur. Il a été un cadeau de Dieu pour la Congrégation et l’Eglise. C’était un homme de bien. Transmettez cher Père Provincial mes vives condoléances à tous. Union de prières.
Loué soit Jésus Christ et Marie Immaculée,
Raymond Pierre Nani