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Les martyrs du Laos

Au Laos, de 1954 à 1970, 17 chrétiens furent assassinés pour leur foi dans le contexte de la guérilla communiste.

Certains étaient laotiens, bien souvent catéchistes, d’autres missionnaires étrangers, des Missions Étrangères de Paris pour les uns, Oblats de Marie Immaculée pour les autres.

Tous payèrent de leur vie leur engagement à la suite de l’Évangile.

depuis le 16 décembre 2016, l’Église catholique les vénèrent comme bienheureux et martyrs.

En quelques traits, le parcours de ces témoins de la foi au Laos, parce que toute vie porte sa propre cohérence !

Les martyrs en quelques flashs

carte du Laos avec emplacement des différents martyrsAu printemps 1953, la guérilla occupe la province laotienne de Sam Neua ; les missionnaires ont été évacués. Le jeune prêtre Joseph Tiên, ordonné en 1949, a décidé pour sa part : « Je reste pour mon peuple. Je suis prêt à donner ma vie pour mes frères laotiens. » Quand on l’emmène vers le camp de Talang, les gens se mettent à genoux sur son passage en pleurant. Il dit : « Ne soyez pas tristes. Je vais revenir. Je m’en vais étudier… Continuez à faire progresser votre village… » Un an plus tard, le 2 juin 1954, il est condamné à mort et fusillé; il avait refusé, une fois de plus, d’abandonner son sacerdoce et de se marier.

Entre temps, à l’autre bout du pays, le Père Jean-Baptiste Malo, ancien missionnaire en Chine, avait été arrêté avec quatre compagnons. Il mourra bientôt d’épuisement et de mauvais traitements sur le chemin des camps, en 1954, dans une vallée perdue du Viêt-nam. En 1959, son confrère des Missions Étrangères, René Dubroux, ancien prisonnier de guerre en 1940, est trahi par un proche collaborateur et éliminé par la guérilla, qui le balaie comme un obstacle dérisoire à leur volonté. Cette année-là, le Saint-Siège avait donné la consigne : « Le clergé, ainsi que le personnel auxiliaire religieux (excepté naturellement les vieillards et malades) doit rester à son poste de responsabilité, à moins qu’il ne vienne à être expulsé. »

Les missionnaires adoptent avec joie cette consigne, qui signe l’arrêt de mort pour plusieurs d’entre eux. En 1960, le jeune catéchiste hmong Thoj Xyooj et le Père Mario Borzaga ne rentrent pas d’une tournée apostolique. En avril-mai 1961, dans la province de Xieng-Khouang, les Pères Louis Leroy, Michel Coquelet et Vincent L’Hénoret sont cueillis à leur poste et abattus sans procès. De même, dans le sud du pays, le Père Noël Tenaud et son fidèle catéchiste Outhay sont pris et exécutés ; le Père Marcel Denis sera retenu prisonnier quelques temps mais partagera le même sort. Un de leur confrère écrit : « Ils ont été, tous, d’admirables missionnaires, prêts à tous les sacrifices, vivant très pauvrement, avec un dévouement sans limite. En cette période troublée, nous avions tous, chacun plus ou moins, le désir du martyre, de donner toute notre vie pour le Christ. Nous n’avions pas peur d’exposer nos vies ; nous avions tous le souci d’aller vers les plus pauvres, de visiter les villages, de soigner les malades, et surtout d’annoncer l’Évangile… »

En 1967, Jean Wauthier, infatigable apôtre des réfugiés, épris de justice, champion des droits des pauvres, est éliminé par une autre faction ; il laisse une population éperdue de douleur : « Nous avons perdu un père ! » Jean avait regardé plus d’une fois la mort en face. Il était prêt ; il a donné sa vie par amour pour les siens.

En 1968, Lucien Galan, lui aussi ancien missionnaire de Chine, visite les catéchumènes isolés du plateau des Boloven. Son jeune élève Khampheuane, 16 ans, a tenu à l’accompagner en raison du danger. Au retour de leur mission, on leur a tendu un guet-apens ; tous deux meurent sous les balles ; leur sang s’est mêlé pour féconder la terre du Laos. L’année suivante, c’est le tour du Père Joseph Boissel, le doyen des martyrs du Laos (60 ans), d’être pris en embuscade en route vers une petite communauté chrétienne, et exécuté comme eux.

Début 1970, le jeune catéchiste Luc Sy est envoyé en mission par son évêque dans la région de Vang Vieng. Avec un compagnon, Maisam Pho Inpèng, ils sont en tournée dans un village où plusieurs familles sont devenus catéchumènes. Ils catéchisent et soignent les malades, s’attardent… On les attendait à la sortie du village. Eux aussi meurent, en plein élan missionnaire, pour le Christ et pour le peuple de Dieu. Tous deux étaient chefs de famille.

Laotiens et étrangers, laïcs et prêtres, ces dix-sept hommes ont donné pour l’Évangile le témoignage suprême. La jeune Église du Laos reconnaît en eux leurs Pères fondateurs. « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

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