Les Oblats à La Brosse-Montceaux
Expulsés de France en 1903, les Oblats y étaient progressivement revenus au lendemain de la Première Guerre mondiale.
C’est ainsi qu’en 1933, ils déménagèrent leur maison de formation depuis Liège pour l’installer dans la petite commune de La Brosse-Montceaux, en Seine-et-Marne, non loin de Montereau. Là, l’achat d’un château du XIX° siècle leur permettait d’accueillir et héberger un séminaire, son staff enseignant et ses séminaristes : un lieu où, durant trois ans, les futurs Oblats se préparaient à leur future vie de missionnaires prêtres.
Pour s’y préparer , les étudiants suivaient assidûment les cours de théologie (saint Thomas d’Aquin !) et d’études de la Bible (mais à l’époque, on parle d' »Écriture Sainte ») donnés par les Pères Simon, du Halgouët, Gilbert, Piat, etc…, tout cela en latin !
Pendant ce temps, les Frères convers faisaient « tourner la boutique » : cultiver pour nourrir la communauté, entretenir les bâtiments et la propriété, faire la cuisine pour tout ce petit monde.
Au fil des années, le « séminaire des missions » allait nouer des relations cordiales et bienveillantes avec les villages environnants, certains professeurs desservant les paroisses alentours. C’est ainsi, par exemple, qu’une photo d’époque témoigne d’une réunion du syndicat chrétien la C.F.T.C, dans les murs du château.
Pour autant, c’est au rythme du monde que vibrait le séminaire, les futurs missionnaires étant appelés à aller de par le monde : Grand Nord canadien, Afrique du Sud et Ceylan depuis le XIX° siècle, et plus récemment le Laos où les Oblats étaient appelés à collaborer à l’œuvre asiatique des M.E.P. (Missions Étrangères de Paris).
Chaque année, le début du mois de juillet bruissait au rythme des ordinations, occasion d’une certaine animation dans la petite église de La Brosse-Montceaux et dans le village…
C’est dans ce contexte que survint la « drôle de guerre », comme l’appellera le journaliste Roland Dorgelès, la mobilisation de tous ces jeunes séminaristes, la débâcle, les camps de prisonniers pour les uns et le retour à La Brosse pour les autres. Sous régime d’occupation, le séminaire reprenait ses activités.
A quel moment l’idée de résistance souffla dans les murs du château ? Difficile à dire. Par définition, l’activité résistance ne produisait pas beaucoup d’archives… A priori, Albert Piat, le jeune prof d’Ecritures Saintes, y contribua fortement. Il suivait des cours à la Catho de Paris et fut ainsi mis en relation avec l’équipe locale du journal résistant chrétien « Les Cahiers du Témoignage chrétien » qui tentait d’insuffler dans les rangs catholiques un vent de renouveau résistant. Albert Piat apporta ce vent de résistance avec lui au séminaire où le journal commença à circuler discrètement.
A partir de l’année 44, les choses se précisèrent. Des contacts furent pris avec par Pierre Letourneur, l’économe, avec les réseaux de résistance, nombreux et actifs en Seine-et-Marne, et ce avec l’aval et le soutien de Pierre Tassel, le supérieur de la communauté.
A la fin du printemps, le rythme s’accéléra, au rythme du débarquement. Henri du Halgouët, jeune prof de philo, pilota un parachutiste anglais venu faire du repérage en vue de parachutages d’armes pour la libération de Paris.
Le mois de juillet se promettait d’être chaud…