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Le pape Pie IX

Giovanni Maria Mastai, né le 13 mai 1792, est élu pape en 1846 après le décès de Grégoire XVI. Il prend alors le nom de « Pie IX », en hommage à Pie VII.

Le 8 décembre 1854, il proclame le dogme de l’Immaculée Conception. Il meurt le 7 février 1878.

Si on met à part le pontificat de Saint-Pierre (v. 33/64), Pie IX eut le plus long pontificat de l’Histoire (soit 32 ans, de 1846 à 1878), avant Jean-Paul II (1978-2005) et Léon XIII (1878-1903). Il a été béatifié le 3 septembre 2000 par Jean-Paul II. (source Wikipédia)

En prenant appui sur divers documents d’Eugène de Mazenod, l’interview fictive suivante a été composée :

Très Saint Père c’est un rare privilège que vous vous voulez bien nous accorder en nous concédant cette audience pour recueillir vos souvenirs sur Monseigneur Charles Joseph Eugène de Mazenod

Monseigneur de Marseille a été un grand, un très grand serviteur de l’Eglise. Aussi, nous sommes très heureux de pouvoir lui rendre hommage en rappelant quelques-uns des services qu’il nous a rendu durant notre pontificat.

Très Saint Père, quel est votre plus ancien souvenir le concernant ?

C’est le souvenir d’une lettre. Cela remonte à 1848. Une période très sombre de l’histoire de l’Église. Un groupe de fanatiques à la solde du franc maçon Garibaldi s’était emparé de Rome et nous avions dû fuir. Nous nous étions réfugiés à Gaète, au bord de la mer, et nous ne savions pas si les émeutiers n’allait pas s’emparer de ce port. Mgr de Mazenod a pris la liberté de nous écrire et de nous proposer de nous accueillir à Marseille, avec la Cour pontificale, aussi longtemps qu’il le faudrait. Nous avons été très touché par ce geste.

Mais votre Sainteté n’a pas honoré cette proposition

Non, finalement cela n’a pas été nécessaire et les choses sont rentrées dans l’ordre à Rome. Mais cette lettre a été la cause de très profond attachement pour l’évêque de Marseille. Nous savions que nous pouvions compter sur lui en toute circonstance.

C’est pour le remercier que Votre Sainteté lui a accordé le privilège du pallium, privilège habituellement réservé aux archevêques.

Photo de Mgr de Mazenod
avec le pallium

En effet, trois années plus tard, en 1851, nous avons rencontré Monseigneur de Mazenod pour la première fois. Il était venu à Rome pour faire approuvée quelques corrections à apporter aux Constitutions des Missionnaires de Marie Immaculée, Congrégation dont il était le Fondateur et le Supérieur Général. Nous avons été frappé par son attitude, la franchise de son regard, la noblesse de ses manières et en même temps la grande liberté avec laquelle il nous a entretenu de certains problèmes. Cela nous changeait de certains prélats de notre entourage qui pratiquent ce que vous appeler la « langue de bois ». Pour le remercier de l’hospitalité qu’il nous avait proposée et aussi en reconnaissance du travail accompli dans son diocèse, nous lui avons conféré le pallium. Cette bande de laine blanche, privilège des archevêques, signifie l’union la plus forte qui soit avec le successeur de Pierre.

Je vous prie de m’excuser, très Saint Père. Mais est-ce que le Saint Siège n’avait pas aussi à se faire pardonner l’affaire d’Icosie où le pape Grégoire XVI n’a guère soutenu Mgr de Mazenod quand, à cause de sa fidélité à Rome, il s’était vu privée de la nationalité française par le roi Louis Philippe ?

Monsieur, vous êtes bien sévère à l’égard de notre prédécesseur de vénérée mémoire.

Après lui avoir imposé le pallium, avez-vous eu d’autres occasions de lui accorder audience ?

A l’occasion de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge Marie, le 8 décembre 1854.

N’avait-il pas été invité à Rome sur une intervention personnelle de Votre Sainteté.

C’est exact. Notre légat à Paris l’avait oublié. C’est le père Aubert, le secrétaire de Monseigneur de Mazenod qui nous l’a fait remarquer et qui nous a permis de réparer cet oubli. Pour marquer notre affection à l’évêque de Marseille, nous l’avons logé dans les appartements royaux de notre palais du Quirinal et nous lui avons accordé une audience privée, dès son arrivée à Rome, le 30 octobre.

A-t-il pris une part active lors de la préparation de la proclamation du dogme ?

Mgr de Mazenod, à gauche,
lors de la proclamation du dogme

Une très grande part. Certains cardinaux n’étaient pas favorables à cette proclamation. Mgr de Mazenod c’est engagé dans tous les débats. Il m’a adressé plusieurs lettre. Il s’est tellement battu que finalement, même les plus réticents se sont rendus à ces arguments.

Je me suis laissé dire qu’il avait aussi pris une part active dans la préparation de la cérémonie.

Il voulait que ce soit une grande fête et une grande fête populaire. Il voulait des sonneries de cloches et des chants que tous puissent chanter

Et Votre Sainteté le lui a accordés.

Il savait avoir un tel ton de persuasion qu’il était difficile de lui résister. Cela nous a d’ailleurs brouillé avec les chantres de la Chapelle Sixtine.

Quel souvenir Votre Sainteté garde-t-elle de lui à l’occasion de cette fête.

Le souvenir d’un enfant jubilant de joie devant la glorification de sa mère. Il avait très peur que la pluie ne gâche la fête. Nous nous sommes laissé dire qu’il a beaucoup prié afin que le soleil brille le matin du 8 décembre et nous devons reconnaître que sa prière fut entendue.

Très Saint Père, en France, nous sommes très étonné que Monseigneur de Mazenod n’ait pas été créé cardinal. Vous le définissez comme un grand pasteur, un grand missionnaire, un théologien clairvoyant, un soutien indéfectible de Rome. Que fallait-il de plus pour qu’il devienne cardinal ?

Napoléon III, empereur

En 1860, il a été préconisé comme cardinal. Mais l’empereur Napoléon III ne montrait guère d’empressement à défendre l’indépendance des États Pontificaux face à ceux qui voulaient la réunification de l’Italie. Alors, nous devions bien rappeler à la France qu’elle était la fille aînée de l’Église et qu’elle devait prendre sa part de la défense du Saint Siège.

N’y avait-il pas aussi une certaine rancune contre une phrase de la lettre que Monseigneur de Mazenod adressait à son clergé le 14 octobre 1860.

Quelle phrase ? Nous n’en avons aucun souvenir.

L’évêque de Marseille écrivait : « Il est vrai qu’il n’y a pas de promesse pour la conservation du pouvoir temporel du Vicaire de Jésus Christ.»

Monseigneur de Mazenod avait quelques années d’avance… A défaut de l’avoir fait cardinal, l’Église pourrait peut-être en faire un saint. Nous laissons ce soin à nos successeurs.

concocté par Bernard Dullier, d’après le Journal de 1848, le Journal de Rome de 1854 et la lettre au clergé du 14 octobre 1860