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Le Sermon de la Madeleine

Un commentaire du « Sermon »
Marcel Annequin, omi – 25 janvier 2016.

C’est un des textes fondateurs du charisme oblat.

En 1813, Eugène de Mazenod, fraîchement ordonné prêtre et de retour sur Aix-en-Provence, cherche ses marques au plan pastoral.

C’est ainsi qu’il est amené à prêcher une série de sermons en l’église de La Madeleine à Aix. On est au carême 1813 et Eugène intervient pour la messe du matin, celle où viennent les domestiques et les petites gens avant d’aller travailler. Une de ses homélies est restée dans la mémoire oblate.

Ce texte est un pivot pour comprendre le charisme omi :

Venez donc, qui que vous soyez, venez assidûment aux instructions qui doivent vous détromper sur tant de fatales erreurs, vous éclairer sur vos seuls intérêts véritables. Venez, surtout vous, pauvres de Jésus-Christ, et plût à Dieu que je puisse faire entendre ma voix dans les quatre parties du monde pour réveiller tant d’insensés de l’assoupissement fatal qui les conduit à leur perte.

Nous commencerons par vous apprendre ce que vous êtes : quelle est votre noble origine ; quels sont les droits qu’elle vous donne; quelles sont aussi les obligations qu’elle vous impose.

Interrogeons le monde. Il répondra d’après les préjugés, code insensé qui sert de règle à leur vie et d’après lequel il prononce.

Artisans, qu’êtes-vous selon le monde ? Une classe de gens voués à passer leur vie dans l’exercice pénible d’un travail obscur, qui vous met dans la dépendance, et vous soumet aux caprices de toux ceux dont vous briquez la pratique.

Domestiques, qu’êtes-vous selon le monde ? Une classe de gens esclaves de ceux qui vous paient, exposés au mépris, à l’injustice et souvent même aux mauvais traitements de maîtres exigeants, et quelquefois barbares, qui croient vous acheté le droit d’être injustes envers vous par le faible salaire qu’ils vous accordent.

Et vous, cultivateurs, paysans, qu’êtes-vous selon le monde ? Quelque utiles que soient vos travaux, vous n’êtes calculés que sur la valeur de vos bras et, s’il vous tient compte, quoique à regret, de vos sueurs, ce n’est qu’autant qu’elles fécondent la terre en l’arrosant.

Que sera-ce de vous, pauvres, indigents, obligés par l’injustice des hommes ou par la rigueur du sorte, à solliciter votre chétive subsistance, à mendier, avec importunité le pain qu’il vous faut pour soutenir votre existence ? Le monde vous regarde comme le rebut de la société, insupportable à sa vue, qu’il détourne de vous, pour ne pas s’apitoyer sur votre état qu’il ne veut pas soulager.

Voilà ce que pense le monde, voilà ce que vous êtes à ses yeux ! C’est pourtant là le maître que vous avez choisi. C’est à lui que vous avez jusqu’à présent prostitué vos hommages. Qu’en pouvez-vous attendre ?… L’insulte et le mépris, voilà la récompense qu’il vous prépare. Vous n’en obtiendrez jamais d’autres de lui.>/p>

Venez maintenant apprendre de nous ce que vous êtes aux yeux de la foi. Pauvres de Jésus-Christ, affligés, malheureux, souffrants, infirmes, couverts d’ulcères, etc., vous tous que la misère accable, mes frères, mes chers frères, mes respectables frères, écoutez-moi :

Vous êtes les enfants de Dieu, les frères de Jésus-Christ, les cohéritiers de son Royaume éternel, la portion choisie de son héritage ; vous êtes, au dire de saint-Pierre, la nation sainte, vous êtes rois, vous êtes prêtres, vous êtes en quelque sorte des dieux. Élevez donc votre esprit ; que vos âmes abattues se dilatent; cessez de ramper sur la terre. Élevez-vous vers le ciel, où doit être votre entretien le plus habituel. Que vos yeux percent, une fois, les haillons qui vous couvrent. Il est au-dedans de vous une âme immortelle, faite à l’image de Dieu, qu’elle est destinée de posséder un jour ; une âme rachetée au prix du sang de Jésus-Christ, plus précieuse devant Dieu que toutes les richesses de la terre, que tous les royaumes du monde ; une âme dont il est plus jaloux que du gouvernement de l’univers entier.