Le fondamentalisme religieux : un défi pour la paix mondiale

Par Eugène BENEDICT, OMI, Conseiller général pour la région Asie-Océanie

Étymologiquement, le fondamentalisme implique un retour aux principes de base de toute chose. À première vue, cela semble être un effort pour préserver les vérités originelles face au libéralisme et aux changements sociaux. Cependant, le fondamentalisme religieux est devenu universel, représentant une menace significative pour toutes les traditions religieuses. Il entrave souvent la diffusion des valeurs religieuses authentiques et contribue à l’instabilité et à la détérioration de la paix dans de nombreuses parties du monde.

Qu’est-ce qui définit le Fondamentalisme ?

Quelques caractéristiques clés nous aident à comprendre la nature du fondamentalisme :
Adhésion rigide aux croyances : Les fondamentalistes suivent aveuglément des croyances et des pratiques anciennes, en résistant à toute tentative de les moderniser ou de les interpréter à la lumière de la réalité actuelle;
– Idéalisation d’une perspective : Une mentalité fondamentaliste tend à élever un point de vue unique comme la vérité absolue, en jugeant toutes les autres perspectives comme inférieures ou erronées;
– Fermeture au dialogue : Les fondamentalistes rejettent souvent d’autres façons de voir les choses, créant une vision du monde rigide et exclusive;
– Accent sur le maintien de l’ordre social : Les fondamentalistes sont souvent préoccupés par la préservation d’un ordre social spécifique, généralement lié à des structures de pouvoir qui bénéficient du maintien du statu quo;
– Peur du changement : Au fond, le fondamentalisme se nourrit de la peur : peur de perdre les valeurs anciennes, les coutumes établies et la stabilité d’un ensemble rigide de croyances. Il surgit souvent en réaction à des changements sociaux ou culturels rapides, offrant certitude et sécurité dans un monde incertain.

Les Différentes Formes du Fondamentalisme

Le fondamentalisme peut prendre de nombreuses formes, selon les idéologies qu’il cherche à protéger :

● Fondamentalisme Culturel : il défend une vision exclusive de l’identité culturelle et résiste à toute influence extérieure;
● Fondamentalisme Économique : Aussi connu sous le nom de fondamentalisme de marché, il prône les principes de l’offre et de la demande, du profit et de la perte comme les valeurs suprêmes, en ignorant souvent les conséquences éthiques ou sociales;
● Fondamentalisme Politique : celui-ci implique l’imposition d’une idéologie politique unique, souvent en supprimant toutes les autres, comme on le voit dans les régimes autoritaires;
● Fondamentalisme Religieux : Peut-être le plus connu, ce type de fondamentalisme affirme une religion tout en rejetant les autres comme fausses. Cela conduit souvent à l’intolérance, à l’exclusion et, dans les cas extrêmes, à la violence.

Une Menace Croissante

Le fondamentalisme, celui religieux en particulier, constitue une menace unique. Il met en péril, non seulement l’authenticité, mais déstabilise aussi la société. Ce qui a commencé comme un mouvement pour protéger la foi des dangers perçus du libéralisme se transforme en une attitude rigide et hostile envers ceux qui soutiennent des croyances différentes. Les fondamentalistes se voient souvent comme les seuls gardiens des vérités anciennes, revendiquant être les représentants de l’essence de leur foi. Cependant, cette mentalité laisse peu de place au dialogue ou à la collaboration. Ironiquement, bien que le fondamentalisme appelle au passé, c’est un phénomène moderne, qui surgit en réaction à la sécularisation, un défi relativement récent.

Comment Devons-Nous Réagir face à ce phénomène ?

Les experts interreligieux s’accordent largement sur le fait que les enseignements centraux de toutes les grandes religions sont universels. La meilleure façon de surmonter le fondamentalisme est d’embrasser et de pratiquer ces valeurs. En revenant aux principes authentiques de chaque foi, nous pouvons contrer les tendances rigides et exclusives qui caractérisent le fondamentalisme. Le pape François nous rappelle que le dialogue entre les religions ne concerne pas seulement la diplomatie, mais la construction d’un monde juste ensemble. Face au défi du fondamentalisme, souvenons-nous de notre appel à être proches de tous, sans distinction. Nous pouvons œuvrer à l’unité par le dialogue et en nous concentrant sur ce qui nous unit. En abordant le fondamentalisme, nous ne préservons pas seulement la paix, mais nous vivons également notre mission en tant qu’Oblats de Marie Immaculée.

Eugène BENEDICT, OMI
Conseiller général pour la région Asie-Océanie