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"Qui ose parler d'oubli ?"

portrait de Jean Lafaurie

 

Résistant rescapé de Dachau pendant la seconde guerre mondiale, Jean Lafaurie vient de fêter ses 100 ans. Du haut de son siècle, il témoigne inlassablement dans les collèges, lycées et autres  établissements de son histoire.

Il entre en résistance dès mai 1940 en diffusant l’appel du général de Gaulle.

Résistant, il rejoint le maquis Guy Hoquet avant d’être arrêté le 14 juillet 43. Débute alors un parcours carcéral qui le conduira à Eysses et Dachau. De ces deux lieux, Jean en racontera son expériences dans ses ouvrages et dans une pièce de théâtre. Des mots saisissants pour parcours exceptionnels.

Qui ose parler d’oubli

Si je parle de Dachau, ou d’autres camps maudits
Certains me disent « arrête », tout ça c’est du passé
Pour eux la vie est belle, il n’y a plus d’interdit
Pour eux tout devient simple, il suffit d’oublier

Il faut ne rien connaître du vécu dans ces camps
Pour penser que l’on peut aisément oublier
Faire pendant douze heures un travail harassant
Avec la faim, le froid, qui ne nous quittent jamais

Cela ne laisse pas de simples souvenirs
Mais des plaies dans nos chairs et dans nos cœurs aussi
Nous avons vu mourir trop d’amis trop de frères
Sous les coups redoublés des kapos sanguinaires

Voir un de nos compagnons dévoré par les chiens
Pour s’être endormi un soir au lieu d’aisance
Ou cet autre supplicié déporté ukrainien
Dont le corps se balance au bout de la potence.

Croyez-vous sincèrement que l’on peut oublier
Ayant vu ses amis lâchement assassinés
Par des valets serviles des SS allemands
Pour qui le crime est devenu un petit jeu excitant

Ces tableaux croyez-moi s’inscrivent sur nos rétines
Miette que des dessins à t’encre indélébile
Vous avez beau die qu’il y a soixante-quinze ans
Dans nos cœurs croyez-moi ce vécu reste présent.

Jean Lafaurie

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