Ben-Awis Benoit Kabongo

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Nous vous informons que Ben-Awis Benoit Kabongo est décédé 5/11/2020 à Marseille. Il avait 87 ans.

Ben-Awis Benoit Kabongo était né 15/8/1933

Il avait prononcé ses vœux ches les OMI 8/9/1960

Il avait été ordonné prêtre 25/1/1964

Benoît Kabongo Ben’Awis est né le 15 août 1933 à Tomoti, village situé au sud-ouest de la République Démocratique du Congo (secteur de Kalanganda, territoire d’Idiofa, province du Kiwu). Il passe son enfance et sa jeunesse respectivement à Tomoti, Kikwit, Mwilambongo et Ngoso. Il fait ses études primaires tour à tour à Kikwit. Mwilambongo et Ngoso. Dès ce moment, il manifeste le désir de devenir prêtre. Le père supérieur de la mission catholique Ngoso l’oriente au petit séminaire de Laba en1948, où il fait des humanités gréco-latines.

Au terme de sa rhétorique en 1956, il a le choix entre deux voies qui l’attirent : prêtre diocésain ou prêtre religieux. Il est alors admis au noviciat des Oblats de Marie Immaculée à Ifwanzondo, où il émettra ses premiers vœux le 8 septembre 1957. Et très vite des années marquées par des études philosophiques et théologiques s’enchaînent au Lesotho, couronnées par l’Oblation perpétuelle le 8 septembre 1960 et l’ordination sacerdotale le 25 janvier 1964.

De retour au Congo-Kinshasa – c’est sa première obédience, reçue le jour de l’ordination – le jeune prêtre Oblat trouve son diocèse d’origine dévasté par les troubles de la rébellion muleliste (1961-64). Il est nommé professeur et modérateur des petits séminaristes du diocèse d’Idiofa à Kalonda dans le diocèse de Kenge, jusqu’en juillet 1966. À la fin de la rébellion au diocèse d’Idiofa, Benoît Kabongo exerce, de septembre 1966 à juillet 1969, la fonction de préfet des études et de modérateur des séminaristes au collège Saint-Pierre d’Ipamu. Après Ipamu, il devient supérieur et maître des novices à Ifwanzondo, pour un an.

À partir de 1971, des années d’études le conduisent à Bruxelles, Londres et Paris. Le père Kabongo effectue dans un premier temps des études de théologie spirituelle à Lumen Vitae (Bruxelles). Il est ensuite envoyé à Londres pour y effectuer des études de Leadership. De 1972 à 1974, il est à Paris pour des études sociales à l’Institut Catholique de Paris. Dans le courant de l’année 1972, il participe au Chapitre général des Oblats à Rome.

Après son séjour parisien il rentre au Congo, devenu entretemps Zaïre. Il est nommé recteur du petit séminaire de Laba, son Alma Mater, en remplacement de l’abbé Boniface Ndoy. Les séminaristes qui l’ont connu au petit séminaire de Laba à cette époque se souviennent d’un homme dont l’agenda débordant ne l’empêchait pas de se rendre disponible. Il est probable que sa présence au petit séminaire de Laba ait donné à certains jeunes le goût d’entrer au noviciat des Oblats de Marie Immaculée. Après le petit séminaire de Laba (1974-1978), le père Ben est nommé recteur du scolasticat intercongrégationnel à Kinshasa.

En 1980, il est nommé formateur au scolasticat international OMI à Rome. Il est aussi représentant africain au SEDOS (Service of Documentation and Study on Global Mission), basé à Rome. Le père Benoît met en même temps à profit son séjour romain pour décrocher une Licence en Sciences de la mission à l’Université Grégorienne.

De 1982 à 1984, il assume la fonction de recteur du grand séminaire de Maroua au Cameroun. En 1984, le père Benoît rentre à Kinshasa comme recteur et formateur au Scolasticat Saint Eugène de Mazenod. Après ce mandat, le 5 mai 1992, il devient le premier provincial oblat africain de la Province du Congo. Il fait alors de la vie communautaire et de la formation la priorité de son action, et décide avec son conseil de transférer la maison provinciale d’Ifwanzondo à Kinshasa. Après trois ans à la direction de la province oblate du Congo (1992-1995), le père Ben’Awis passe une année sabbatique en Belgique. En 1997, il retourne au scolasticat des Oblats à Kinshasa en qualité de formateur et de responsable de l’Institut africain des Sciences de la Mission.

En juin 2002, le père Benoît est envoyé en mission en France, à Vico dans l’île de Corse. Il était prêté pour trois ans par la Province du Congo. Il passera six ans à Vico, puis demandera son obédience pour la Province de France (2008).

Sa prochaine destination est Lyon, où il fait partie de l’équipe chargée de préparer la résidence oblate au sein de l’Ehpad Saint-François d’Assise. Il est un des premiers à y emménager en mars 2010. Mais en 2013, Benoît fait partie des Oblats jugés trop valides pour occuper une chambre dans cet établissement, et condamnés à quitter la jeune communauté. Il part alors pour une longue tournée dans son pays natal. Il y fêtera ses 80 ans et son jubilé d’or sacerdotal (2014), et y reçoit des honneurs académiques.

Mais Benoît n’oublie pas son obédience comme missionnaire en France. À son retour d’Afrique, il est membre de la communauté oblate de Nice et aumônier au Couvent Sainte Marie des Anges à Hyères, maison de repos et de convalescence. Il occupe avec honneur ce poste jusqu’à ce qu’un AVC vienne lui rappeler sa fragilité et son âge. Le 30 mai 2017, il arrive à Marseille comme membre externe de la communauté locale, hébergé à l’Ehpad des Frères de Saint-Jean de Dieu. En feuilletant les bulletins de la Province de France, on constate qu’il reste fidèlement attaché à sa communauté de Ricard-Digne, qu’il rejoint pour toutes les fêtes oblates grandes et petites, malgré des séjours de plus en plus fréquents à l’hôpital de la Timone.

Le 5 novembre 2020, il a enfin entendu : « Viens, bon et fidèle serviteur… »

Roland Jacques

D’après la note biographique de Claude Ozankom et Jean-Pierre Sieme Lasoul, parue dans Une vie au service des jeunes : Mélanges offerts à Benoît Kabongo Ben’Awis, omi, à l’occasion de son jubilé d’or de vie sacerdotale et de ses 80 ans d’âge. Kinshasa, Éditions du Baobab, 2016, p. 9-10. Complété par des informations et témoignages parus dans diverses publications oblates.

 

Témoignage de Benoît Kabongo sur sa vocation
Fragments

Benoît Kabongo en aube et étoleLorsque je suis né au Congo Kinshasa il y a 78 ans, mon père était le premier converti du village. J’aurais dû hériter de la chefferie de mon grand-père, un homme polygame marié à 9 femmes. Vous me parlez de mort-résurrection ? Eh bien, ma première mort, ce fut celle-là : je n’ai pas suivi la voie de mon grand-père ; je suis rentré au séminaire !

Premier jeune Oblat congolais, je fus envoyé en Afrique du Sud pour ma formation, au Lesotho. J’y ai vécu sept années, voyant autour de moi ce terrible régime qu’est l’apartheid ! Puis ce fut le retour au Congo en 1964 pour une longue carrière de formateur, dans différents petits puis grands séminaires oblats. Je suis devenu ensuite responsable des Oblats du Congo, avant de venir en France pour y vivre une expérience pastorale de plusieurs années en Corse.
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À mon retour au Congo dans les années 60, c’était l’indépendance, les missionnaires blancs partaient. Nous restions, nous, les Oblats congolais : il nous a fallu apprendre à mourir à nous-mêmes pour semer la fraternité entre les hommes.

Il m’a fallu faire des choix. Pendant ma formation, on m’avait proposé un poste de ministre. Mais j’étais le premier Oblat congolais : si je délaissais ma vocation, tout aller tomber. Oui, il faut faire des choix dans la vie, et je ne regrette pas le mien !
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Un principe a guidé toute ma vie, tiré d’une lecture de la vie de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus :
« Faire une petite chose est une petite chose. Mais la fidélité aux petites choses est une grande chose. » Oui, au cours de ma vie missionnaire, il m’a fallu apprendre à mourir !